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Histoire et patrimoine

L’Ancienne-Lorette, de 1673 à aujourd'hui.

L’histoire de L’Ancienne-Lorette débute dès 1673, année où la nation huronne vient s’établir en un lieu nommé Notre-Dame-de-Lorette.

Origine

1697

En 1697, les Hurons partent s’installer au village huron actuel, la réserve Wendake, qu’ils nomment alors « Jeune Lorette ».

Par conséquent, Notre-Dame-de-Lorette prend la dénomination de « Vieille Lorette » pour plus tard devenir « Ancienne-Lorette », lors de l'établissement des limites du territoire de L'Ancienne-Lorette. en 1722.

Pendant plus de deux siècles, la population de L’Ancienne-Lorette est presque autosuffisante, l’essentiel étant produit sur place : le bois de chauffage, la nourriture, une bonne partie du linge de maison et les vêtements. Les denrées non cultivées sont achetées en ville : sucre, mélasse, thé, sel, certains tissus et bien sûr, le le vin.

1845

En 1845, la paroisse de l’Ancienne-Lorette devient officiellement une municipalité; la première session du conseil municipal a lieu le 30 juillet 1855.

La principale préoccupation du conseil municipal étant la sécurité des citoyens, les activités se concentrent principalement sur l'entretien des chemins l'hiver, des ponts et des clôtures.

En 1856, les premiers règlements portent sur la vérification du poids et de la qualité du pain et sur la vente des boissons alcoolisées. À plusieurs reprises, le conseil tente, sans succès, de restreindre et même d’interdire la vente d’alcool sur son territoire.

1886 à 1948

Le 31 octobre 1886, un aqueduc privé puise l’eau au sud-ouest du village. Toutefois, la force de gravité est insuffisante pour fournir tous les abonnés du service parce qu'elle ne génère pas une pression d'eau assez forte. On y remédie en installant un moulin à vent équipé d’un sytème de pompage en 1898.

Cependant, probablement en raison de problèmes techniques, l’éolienne ne devient fonctionnelle que le 23 octobre 1903.

Le 15 février 1892, des citoyens entreprennent des démarches pour que le village soit érigé en municipalité autonome. La mission huronne, à l’origine du village de l’Ancienne-Lorette, est placée sous le patronage de l’Annonciation et la seigneurie, sous le vocable de Saint-Gabriel, archange.

Le 17 mai 1920, le réseau d’aqueduc est municipalisé. L’année suivante, une première brigade de pompiers volontaires est formée pour combattre les incendies jusqu’alors assez fréquents.

En 1935s’installe la seule industrie importante qui persiste encore aujourd’hui à l’Ancienne-Lorette : la ganterie de monsieur J. Armand Lemieux, qui se nomme maintenant Ganka.

En 1947, le territoire abrite deux municipalités autonomes : le village de Notre-Dame-de-Lorette et la paroisse de l’Ancienne-Lorette. En 1948, le premier budget de la municipalité du village est établi. Les dépenses totales sont alors de 7 460 $, dont 2 200 $ affectés à l’entretien hivernal des chemins. La taxe foncière est de 0,35 $ du 100 $ d’évaluation.

Éphémérides rédigées par la Société d’histoire de L’Ancienne-Lorette

Apprenez-en plus sur L'Ancienne-Lorette, riche de 350 ans d'histoire.

Merci à la Société d'histoire de L'Ancienne-Lorette pour la rédaction des éphémérides ci-dessous, à l'occasion du 350e anniversaire de L'Ancienne-Lorette.

1632

Au printemps 1632, à l’âge de 21 ans, Pierre-Joseph-Marie Chaumonot entre au noviciat des Pères Jésuites à Rome. Le « malotru », le « gueux », le « vagabond puant et sale », n’en revient pas d’être « admis dans une aussi sainte, aussi illustre compagnie que la Compagnie de Jésus » :

Combien de fois je me dis-je à moi-même : « Oh que voilà un état différent de tous les états où j’ai été jusqu’ici! « En vérité, « qui est semblable au Seigneur notre Dieu qui daigne porter sa vue sur ce qu’il y a de plus bas, de plus vil, et de plus petit? Il cherche le pauvre jusque dans la poussière, et il relève le misérable du milieu du fumier et de l’ordure pour le placer avec les princes de son peuple » (Autobiographie).

Source : Gilles Drolet

1639

La lecture de la relation des Jésuites de la Nouvelle-France, écrite par Jean de Brébeuf, est déterminante dans la décision prise par Pierre-Joseph-Marie Chaumonot de devenir missionnaire en Nouvelle-France.

Dès lors, sa réflexion fut la suivante « Beaucoup de doctrine et de théologie n’est pas nécessaire pour prêcher la foi aux amérindiens. Je conclus que si Dieu me destine à cela, je n’ai pas besoin d’achever mes études ».

Les permissions obtenues, dès le 4 mai 1639, il se retrouve à Dieppe avec les autres pères de la Compagnie de Jésus : Vimont, Poncet, Charles Lalemant et le frère coadjuteur Jager.

Une flottille de trois vaisseaux est mise à leur disposition ainsi qu’à plusieurs religieuses, dont Marie de l’Incarnation, pour la traversée de l’océan.

Source : René Latourelle

1639

Avant que ne naisse le bourg de Lorette, le père Chaumonot quittait Rome avec le père Poncelet pour se rendre à Rouen et se préparer à sa nouvelle mission. Le 4 mai 1639, peu de temps après son ordination, il s’embarquait pour la Nouvelle-France. La flottille de trois bateaux qui allait affronter les dangers de l’Atlantique emportait plusieurs personnages qui s’illustreront au pays : le Père Vimont, Marie de l’Incarnation et madame de la Peltrie.

Source : Gilles Falardeau, Société d’histoire de L’Ancienne-Lorette.

1650

Au moment où le père Chaumonot débarque à Québec, un groupe de Hurons s’apprête à remonter en Huronie (dans la région des Grands Lacs).

C’est la première étape d’une dizaine d’années d’une carrière d’évangélisateur avec les pères jésuites Ragueneau, Du Peron, Daniel, Brébeuf et Ménard. Le père Chaumonot apporte, avec lui, une petite statue de la Vierge Lorette…

Cette période lui démontre la fragilité des missions et le danger qui les guettent : « les choses étant réduites à l’extrémité, nous sommes vus obligés de quitter une place qui n’était plus tenable pour en sauver au moins le reste (les Hurons) … »

Le départ du pays des Hurons s’effectue le 10 juin 1650. Le convoi se compose d’environ 440 Hurons et de 60 Français. Il arrive à Québec après 50 jours de navigation.

Les Hurons sont accueillis et nourris par les Hospitalières, les Ursulines, les Jésuites et les colons un peu plus à l’aise.

Source : René Latourelle

1665

À l’été 1665, à l’arrivée des troupes Carignan-Salières envoyées de France pour tenir en respect les Iroquois, le père Chaumonot est choisi pour leur servir d’aumônier. Leur mandat est de construire des forts sur la rivière Richelieu. Le missionnaire gagne l’affection des officiers autant que des soldats : il les initie même au culte de la Sainte Famille.

Vers 1668, un des officiers, le capitaine Louis Petit, se retrouve au séminaire de Québec : il semble qu’il ait commencé ses études théologiques en France, avant de s’engager comme soldat.

En 1693, sentant le besoin de se reposer de ses nombreux ministères au pays, ce dernier se retire de nouveau au séminaire de Québec. C’est sans doute cet arrêt momentané qui vaut à la paroisse de L’Ancienne-Lorette d’avoir l’abbé Louis Petit comme curé, de 1702 à 1705.

Source : Irène Belleau

1674

De retour à la communauté de la mission de Sillery, le père Chaumonot reçoit de France une madone de Lorette. Cet envoi devient alors une confirmation de son vœu et le prétexte à la fondation d’une mission qui portera le nom de Bourg-de-Marie (paroisse de l’Ancienne-Lorette).

Les Jésuites contribuent en grande partie, à la construction de la chapelle dont la première pierre est bénie à l’été de 1674.

Le père Chaumonot y exerce le rôle de pasteur pendant 19 ans. Le Bourg-de-Marie devient un bourg célèbre. Marguerite-Bourgeoys, le curé Basset de la Pointe-aux-Trembles et Monseigneur de St-Vallier.

De toutes parts, on y vient en pèlerinage. Les malades s’y rendent ou s’y font transporter de fort loin … La longueur du chemin, la vigueur du froid et le manque de logements pour se retirer ne constituent pas des empêchements… Pour la plupart, ce pèlerinage est l’occasion d’une confession générale.

1681

Le 14 septembre 1681, Simon Allain « habitant dud.Lieu », achète de Jean Malerbeau «habitant de Lorette» une vache, un taureau, deux porcs et la récolte de blé, le tout pour une valeur de 100 livres.

Depuis une dizaine d’années qu’il tient « feu et lieu » sur une terre du bourg de Lorette. À l’époque, l’acte de concession n’indique qu’un voisin sur la côte Saint-Paul.

Par rapport à aujourd’hui, sa terre se bornerait au boulevard de l’Aéroport et son habitation occuperait les alentours du théâtre de la Fenière.

Source : Gilles Falardeau

1692

L’été de l’année 1692, tout le Canada étant dans une très grande désolation à cause d’une prodigieuse quantité de chenilles qui mangeaient les blés et les foins, les habitants de la paroisse de Lorette eurent recours au père Chaumonot… On pria avec ferveur… Après la messe, le père, qui ne pouvait plus marcher, se fit porter sur une éminence d’où il bénissait les champs et conjurait les chenilles. Il fut exaucé dès le troisième jour et le reste de la neuvaine en l’honneur de la Vierge se continua en action de grâce.

Ce fut son dernier geste avant sa dernière maladie…

Source : Gilles Drolet et René Latourelle

1693

Le père Dablon, Jésuite, rédige une lettre circulaire dans laquelle il écrit : « Le 21 février de cette année (1693), nous avons perdu le plus fameux de nos missionnaires, le père Pierre-Joseph-Marie Chaumonot. Il était dans la quatre-vingt-deuxième année de son âge, dans la soixante et unième depuis son entrée dans la compagnie de Jésus, et dans la cinquante-quatrième depuis son arrivée au Canada. »

En 1691, il l’avait été remplacé par le père Garnier à la mission de Lorette. En 1692, on l’avait transporté à l’infirmerie de Québec. Après une amélioration notable de son état, il avait espéré, un instant, retourner à sa mission pour la fête de l’Immaculée-Conception.

C’est plutôt toute la ville, les habitants et ses ouailles hurons qui accoururent auprès de sa dépouille. « Jamais en Nouvelle-France, on a vu tant de monde à aucun enterrement qu’au sien.»

Source : Gilles Falardeau

1697

A l’automne 1697, le père Chaumonot est décédé depuis près de quatre ans. Les Hurons sont contraints de quitter le bourg de Lorette pour s’établir près de la chute Kabir-Kouba sur la grande rivière Saint-Charles.

Lors de ce départ, dirigé spirituellement par le père de Couvert, ils apportent avec eux tout ce que renferme la Maison de Lorette : la madone Notre-Dame-de-Lorette; le fac-similé de la Santa Casa et les accessoires du culte : ornements, autel, serrures, vitres, gonds…

Source : Gilles Falardeau

1706

Le 7 août 1706, l’intendant Raudot émet une ordonnance pour la construction d’une route de 36 pieds de largeur allant de l’Hôpital-Général de Québec jusqu’à L’Ancienne-Lorette, en suivant la rive sud de la rivière St-Charles. Pour l’époque, c’était une longue distance et il y aura des ponts importants à construire. Plusieurs colons s’entêtent à ne pas participer et, quatre ans plus tard, il faudra une nouvelle ordonnance, édictée cette fois par Bégon. En 1731, il restera encore des ponts à construire; on peut supposer que les charrettes passaient les rivières à gué.

Source : Gilles Falardeau

1710

L’hiver 1710-1711 est pénible pour les gens de L’Ancienne-Lorette et les autres habitants de la Nouvelle-France : rumeurs sur une attaque probable des colonies anglaises; grande disette causée par les gelées tardives et les chenilles et maladies contagieuses dans la ville de Québec et les alentours.

Affaiblie par les privations, la population n’est pas en état de résister à l’assaut de l’épidémie. Plusieurs prêtres s’exposent à la contagion pour soulager les malades et préparer les agonisants à la mort.

C’est dans ce contexte que l’abbé Pierre-Michel Descormiers meurt le 9 mars 1711, à l’âge de 30 ans. Il est mort de fatigue accumulée en assistant ses paroissiens, étant toujours à courir de tous côtés pour soulager et assister les malades, leur préparant lui-même des remèdes et en leur apportant, le territoire étant vaste et dans des conditions presque toujours difficiles.

Source : Gilles Falardeau

1714

Après le départ des Hurons, la Compagnie de Jésus concède un terrain pour le domaine pastoral des habitants circonvoisins de L’Ancienne-Lorette : quatre arpents de superficie autour de la chapelle de Lorette en briques, pour le cimetière et l’usage du curé.

En 1714, la première chapelle et le presbytère sont deux bâtisses séparées, mais liées ensemble. L’abbé François Dupré est le sixième curé à occuper le domaine. Il succède au curé Michel Devaux Descormiers, décédé en héros à l’âge de 29 ans. Il s’était dévoué auprès des malades, victimes de l’épidémie de 1711. Il lègue alors ses biens qui meublent le presbytère : une table avec son tiroir, une table ronde, un chandelier de cuivre, une écritoire de corne, une douzaine de cuillers, six fourchettes, un couteau avec sa fourchette, une salière, quatre plats d’étain, deux pots d’étain, un bassin, une cruche, neuf pots de terre, treize terrines, deux marmites, un gril, une broche, une cuillère à pot, une écumoire, une passoire, deux chenets, une pelle à feu, une poêle, une huche, un seau ferré pour livrer de l’eau, une boîte de cuivre pour mettre du sable, un matelas, une couverte, une paillasse, un pot de faïence, deux gobelets de faïence, un bénitier d’étain et une selle à cheval, un bouclier, une houx, deux haches, une fourche de fer.

Source : Gilles Falardeau

1714

Lors de l’érection civile de la paroisse de L’Ancienne-Lorette en 1714, probablement encouragés par le curé Dupré, les paroissiens commencent à songer à une nouvelle église, mais une question s’agite parmi les censitaires de la seigneurie Saint-Gabriel : le besoin urgent d’un moulin à farine. Puisqu’on a une rivière dans le village, pourquoi être obligé d’aller moudre ses grains jusqu’à Québec ou Sillery? De toute nécessité, il faut un moulin. Il commence à faire farine à la fin de décembre 1718. Un cadeau de Noël?

Source : Gilles Falardeau

1718

En janvier 1718, le vieux curé François Dupré (70 ans) est le seul résident au cœur du « village » paroissial de la Vieille-Lorette. Il célèbre ses offices religieux dans la « Maison de Lorette » qui servait de chapelle aux Hurons.

En cette nouvelle année, il en profite, probablement, pour annoncer la venue prochaine d’un premier résident, qui exercera le métier de meunier. En effet : « Depuis juillet 1717, Pierre Alain et Drolet exécutent des travaux d’aménagement de la rivière et huit toises de pierre sont accumulées pour servir de base à un moulin à farine. Enfin, Laurent Duboc, qui semble être l’entrepreneur général, prévoit mettre une équipe d’équarrisseurs après le jour de l’an ».

Source : Gilles Falardeau

1719

Un curé vieillissant, M. François Dupré (73 ans), règne toujours sur le promontoire pastoral de L’Ancienne-Lorette. Durant les cinq dernières années, les censitaires ont discuté avec lui des besoins d’avoir un moulin à farine et une plus grande église.

Après le départ des Hurons, la compagnie de Jésus avait concédé une terre voisine du domaine de la « Maison de Lorette » à Noël Alain.

C’est sur le chemin qui longe cette habitation, au bas des hauteurs du trait-carré, que les pères jésuites projettent de construire le moulin. Le 22 janvier 1719, ils ont une somme de 2 640 $ investie dans ce projet. Il reste 2 000 $ à dépenser pour le perfectionner. On trouvait que c’était un gros montant pour l’époque.

Durant la période des fêtes de cette année-là, plusieurs citoyens ont dû se déplacer pour apercevoir la nouvelle construction.

Source : Gilles Falardeau

1723

En 1723, monsieur le curé François Dupré est décédé depuis deux ans et demi. Il a été inhumé sous l’autel de la Maison de Lorette.

Le moulin devient un centre d’attraction. On s’y rend avec parents et amis et, tandis que l’eau tombe sur la grande roue, que les meules tournent, que le blutoir tamise la farine, que les sacs se remplissent, on fait un brin de causette avec le meunier Noël Alain. C’est là qu’on discute de l’absence d’un curé résident. L’habitation des Jésuites, attenante à la chapelle qui avait servi de presbytère, prend eau de toute part et est devenue inhabitable. La construction d’un bâtiment neuf est inévitable.

Après une progression lente des travaux, l’extérieur de l’église est enfin complété. C’est une église dessinée en croix bien franche, en granit des champs recouvert de chaux, qui apparaît. Elle mesure 120 pieds de longueur avec une nef de 38 pieds de largeur.

Le transept nord excède d’au moins 20 pieds de longueur celui du côté sud pour une chapelle destinée à la dévotion à Notre-Dame de Lorette.

Sur la façade, au-dessus de la fenêtre vénitienne qui domine le portail, trône dans une petite niche, une statue de la Vierge. S’agit-il de la Vierge au rosier… de la légende?

Source : Gilles Falardeau

1727

Au haut du portail de la nouvelle église de L’Ancienne-Lorette, une madone est placée dans la niche. Un rosier sauvage amorce aussitôt sa pousse. Il semble être grimpé là, comme par un miracle de la nature…

Le rosier développe, dès lors, vigoureusement ses racines dans une fissure de la pierre. Quelques rameaux graciles pénètrent dans la niche et entourent de leurs bras caressants la madone qui, souriante, de ses deux doigts levés montre le ciel!...

Un jour, cependant, on remarque que la poussée des racines descelle la pierre de la niche et que le mortier tombe par croûte devant la porte.

On décide donc de faire disparaître la cause du mal : la première intervention d’un maître-maçon tourne mal car l’échelle casse par le milieu et précipite l’homme sur le gravier, le blessant… On renonce à poursuivre et la madone, de ses deux doigts levés continue à montrer le ciel!...

De plus en plus, les pierres qui forment la base de la niche font saillie et menacent de s’écouler.

On décide de poursuivre le travail : l’exécution est confiée au bedeau qui, descendant par une corde attachée au clocher, aperçoit sa petite maison de bois en feu. Il démissionne… en haut, dans sa niche, la madone, les deux doigts levés, montre toujours le ciel!...

Par après, personne n’ose toucher au protégé de la madone et sa mémoire se poursuit pendant des générations : on la surnomme alors Vierge Fidèle.

Source : Gilles Falardeau

1729

Nous sommes en 1729. La vie à l’Ancienne-Lorette a repris son rythme normal. Un curé résident occupe le domaine pastoral. André-Joseph-Mathurin Jacreau, né en France en 1698 et ordonné prêtre à Québec par Mgr de Saint-Vallier, se distingue comme administrateur.

C’est sans doute à lui que l’on doit l’inventaire du terrain de la fabrique et le plan du clos de l’église. En particulier, il découvre l’existence d’une terre de la fabrique, acquise en 1714 dans la seigneurie de Gaudarville et abandonnée par celle-ci. Le curé en profite pour en faire l’acquisition personnelle afin d’y puiser le bois nécessaire au chauffage du presbytère.

La paroisse compte probablement cinquante familles. Dans le rang Saint-Jean-Baptiste, il y avait deux familles, la veuve Charttrain et le dénommé Beaupré. Ce dernier prend l’habitude de passer par un raccourci, à l’endroit où le ruisseau rejoint la rivière et que l’on appelle l’anse ou le jardin du père Bouvard.

Les Jésuites l’avaient donné, exempt de toute servitude de chemin public. Afin de maintenir ce droit, la fabrique dut avoir recours à l’intendant de la Nouvelle-France pour l’émission d’une ordonnance car le dénommé Beaupré persistait à vouloir franchir la clôture ou à la démolir.

Source : Gilles Falardeau

1737

Le meunier Louis Déry opère le moulin à farine depuis une dizaine d’années. Le moulin est situé à l’est du chemin, juste avant le deuxième pont, si on marche en direction nord-sud. L’espace entre la rivière Lorette et le coteau est insuffisant pour les activités du meunier et le va-et-vient des charrettes des habitants. Le moulin étouffe dans son espace étroit.

Dans l’arrière-pays, les Lorettains ressentent la hantise des riverains de voir apparaître une invasion anglaise. Ils subissent les effets désastreux de la famine et des maladies contagieuses, et les membres du clergé n’en sont pas exempts.

En ces années de disette et de réquisition, la dîme rapporte peu et le casuel encore moins, les honoraires d’une messe étant de dix sous (monnaie d’aujourd’hui). Pour suppléer, le curé doit cultiver la terre en ce printemps 1737.

Source : Gilles Falardeau

1753

Même si la mère-patrie est en guerre avec l’Angleterre, les habitants de la paroisse de l’Ancienne-Lorette se sentent peu concernés. Ils ne sont pas en armes et vaquent à leurs occupations quotidiennes.

Qu’ils soient agriculteurs, charpentiers, charrons, meuniers, forgerons ou cordonniers, ils pratiquent, sporadiquement, l’exercice des armes et des manœuvres de guerres d’embuscade.

En effet, en tant qu’entité civile, la paroisse fait partie du district de Québec et le Conseil souverain demande à un citoyen éminent de chaque paroisse d’exercer le rôle de capitaine de milice.

Sous les ordres de cet officier, les hommes de 16 à 60 ans doivent s’enrôler dans la milice paroissiale en vue de la défense de la communauté, le cas échéant.

Source : Gilles Falardeau

1753

À l’aube de la guerre de 7 ans, une affiche est apposée à la porte principale de l’église de l’Ancienne-Lorette. Elle est aussi lue à haute voix à la sortie de la grande messe paroissiale par le notaire-huissier. Ce dernier avait été mandaté par les propriétaires de la seigneurie Saint-Gabriel, les révérends pères jésuites sous l’ordonnance de l’intendant.

Le texte de l’affiche met en demeure tous les tenanciers de terres dans la seigneurie, à l’effet de :

Rendre Foy et hommage aux dits seigneurs suivants les titres, de faire aveu et dénombrement ainsi que déclaration exacte des terres possédés avec les cens et rente ou lods et ventes qui peuvent être dus. En cas de refus, des poursuites devant juge ordinaire et voie de droit sont prévues. Des avis sont à venir pour la date et l’heure de rendez-vous en l’étude du notaire-huissier.

Signé et paraphé par :
Monseigneur François Bigot, Chevalier, Conseiller du Roy en ses Conseils, Intendant de justice, police, finance, et de la marine en toute la Nouvelle-France.

1755

La guerre de 1753 se poursuit au loin, l’intendant Bigot demande un effort de guerre en établissant un prix plafond pour le blé des fermiers. Une compagnie autorisée l’achète et l’exporte au prix du marché.

Des agents sont envoyés dans les campagnes pour :

  • Enlever aux cultivateurs récalcitrants, sans compensation, tout le blé qu’ils trouvent dans leurs granges;
  • Sauf exception, arrêter de sceller les moulins à farine.

Le pain quotidien devient rare et la misère augmente. Néanmoins, à l’Ancienne-Lorette, le père Pierre-René Floquet, procureur de la Compagnie de Jésus, entreprend des travaux importants :

  • En faisant démolir le vieux moulin à farine, situé à l’est de la route du moulin : juste avant le deuxième pont, si on marche en direction nord-sud;
  • En autorisant la construction d’un nouveau moulin à farine à deux étages, avec moulin à cadres.
Source : Gilles Falardeau

1756

Les terres de la Vieille-Lorette sont réparties dans cinq seigneuries différentes.

Les seigneuries concernées sont : Saint-Gabriel, Sillery, de Maure, Gaudarville et Guillaume Bonhomme (Bélair).

La seigneurie Saint-Gabriel constitue le point central de la paroisse, le lieu où se situent l’église et le moulin à farine. Ce fief est enclavé entre la seigneurie de Saint-Ignace (rivière Duberger), à l’est, la seigneurie de Gaudarville (route de l’aéroport), à l’ouest, et la seigneurie de Sillery (boul. Wilfrid-Hamel), au sud.

Dans ce cadre, les censitaires lorettains habitent leur chaumière, paient leur rente et travaillent à l’entretien des chemins.

La compagnie de Jésus, en tant que propriétaire seigneurial, contribue à l’administration civile et judiciaire.

Source : Gilles Falardeau

1757

Le curé Levasseur écrit des actes d’une assez bonne écriture, mais juste ce qu’il faut, parfois même d’une façon insuffisante. Par exemple, un cas d’une grande tristesse : « Une Latour, femme de Ignace Bonhomme, décédée hier, munie des sacrements, la première picotée, l’ayant apportée de Québec, morte enceinte pour enfant, enfant baptisé par la sage-femme dans le sein de sa mère. »

L’analyse des sépultures enregistrées à la paroisse de Notre-Dame de Québec montre les terribles effets de l’épidémie de variole qui a sévi à cette époque. En particulier, au tournant de l’année 1757-1758, la moyenne supérieure à sept décès par jour par rapport aux taux habituels de mortalité d’environ deux aux trois jours est très révélatrice.

Pour la paroisse de l’Ancienne-Lorette, la moyenne d’un décès par six jours n’a pas augmentée au tournant de l’année 1757-1758. Les lorettains se sont probablement dit le mot pour demeurer distants de l’épidémie.

1759

En 1759, un voile sombre couvre toute la surface de la Nouvelle-France… le fleuve Saint-Laurent est envahi par une escadre anglaise.

Jusqu’alors, confiant en l’échec de l’expédition guerrière, on pensait que le Ciel serait en faveur de la population de Québec; le curé François-Ignace Levasseur, de l’Ancienne-Lorette, avait soin d’entretenir ses paroissiens dans cette idée : offrandes, processions, prières publiques et particulières, vœux et indulgence se succédaient…

Le capitaine Noël Bonhomme avait reçu une lettre circulaire l’avisant de se tenir prêt pour un rassemblement éventuel de sa compagnie, avec armes, ustensiles et vivres… le paiement étant promis pour après la campagne.

Plus d’une centaine de Lorettains mariés et une cinquantaine de jeunes gens étaient conscrits… le capitaine Louis-Antoine de Bougainville était assigné à la défense de la rive nord entre Québec et la rivière Jacques-Cartier, à la tête d’une troupe régulière volante campée près du pont de la route de Lorette sur la rivière Cap-Rouge.

Mais la nouvelle de la capitulation de Québec tombe comme un coup de foudre…

Source : Gilles Falardeau

1759 bis

On raconte à la Vielle-Lorette et dans les environs que James Wolfe serait mort d’une infection à la suite d’une blessure au poignet, lors de l’invasion anglaise. Sa dépouille aurait été transportée sur la rive sud et embaumée à l’église Saint-Joseph, réquisitionnée à titre d’hôpital militaire. Le lendemain, le corps aurait été déposé dans un tonneau de rhum et expédié à bord d’un des navire anglais disparus derrière la pointe de Lévis… Donc, c’est James Murray qui apparaitra sur les hauteurs de la Vieille-Lorette et non James Wolfe…

Source : Gilles Falardeau

Noël 1759

Après la capitulation, les miliciens lorettains étaient dans les murs de Québec pour fin de combat, s’empressent de retourner à leurs habitations…

Ils reviennent avec la nouvelle d’une capitulation honorable : la plus importante est que les lorettains gardent leurs chaumières, leurs terres, leurs meubles, leurs bestiaux, leur linge, leurs outils. Ils pourront pratiquer leur religion et ils ne seront pas déportés… Le tout est reçu avec un immense soulagement.

Les lorettains, comme tous les québécois, sont désormais seuls devant l’envahisseur. Les derniers navires anglais sont disparus derrière la pointe de Lévis… 7 313 soldats et officiers anglais demeurent en garnison dans les murs de Québec. L’officier britannique James Murray se voit attribuer le titre de gouverneur provisoire. Le colonel Young joue le rôle de juge civil et criminel.

Un détachement français demeure cantonné au fort Jacques-Cartier. En réaction à l’une de leurs incursions pour acquérir du ravitaillement dans les environs, le chef anglais organise une expédition à la Vieille-Lorette. À l’aide d’un important détachement, il réquisitionne l’église comme poste d’observation et l’entoure d’une fortification.

Donc, en ce Noël 1759, l’église n’est pas accessible aux paroissiens de la Vieille-Lorette…

Source : Gilles Falardeau

1759-1760

Les paroisses des environs de Québec sont les plus touchés durant le siège de la ville.

Les registres de la Vieille Lorette fournissent un point de comparaison et de référence intéressant pour comprendre les réalités vécues. Juste avant l’occupation britannique, de janvier à mai 1759 (inclusivement), cinq mois, on dénombre douze décès. En chiffres absolus, la pointe des sépultures se produit au cours des onze mois qui couvrent cette période.

Juin à septembre 1759 (inclusivement), quatre mois : 28 sépultures

Octobre et novembre, deux mois (période de ré-inhumation) : 13 sépultures

Décembre à avril 1760 (inclusivement), cinq mois : 16 sépultures

Le taux de natalité augmente. Cela surprend compte tenu qu’aucun mariage n’est célébré.

À l’occasion, la messe est célébrée chez un particulier. Il en est de même pour des cérémonies de baptême.

Source : Gilles Falardeau

Au tournant de 1760

Sur la rive nord, le territoire occupé par les envahisseurs britanniques est délimité par la rivière Cap-Rouge.

Le 14 novembre 1759, les Britanniques dépêchent un groupe de 1 300 hommes au pont de Lorette. La centaine de volontaires canadiens rattachés au fort Jacques-Cartier et dirigés par M. de Repentigny se retrouvent dans une position critique. Le tout se termine deux jours plus tard par une grande fusillade de part et d’autre.

Finalement, de Repentigny établit ses gardes au pont de Lorette et au calvaire de Saint-Augustin, tandis que les Britanniques s’installent à l’église de Lorette et à celle de Sainte-Foy.

Après un mois d’accalmie, le 18 mars une force militaire britannique considérable se porte à l’attaque du pont de Lorette et des 100 hommes retranchés au calvaire de Saint-Augustin. Quatre militaires français sont tués et une trentaine sont faits prisonniers.

Source : Gilles Falardeau

1760

Les Lorettains ont vu passer à la Vieille-Lorette les soldats français, des réfugiés de Québec et ceux de l’île d’Orléans. Même s’ils sont rassurés sur leurs droits, ils vivent un hiver dans l’incertitude sous l’occupation anglaise qui a l’ordre de ramasser les armes.

Les pions de Bigot n’ont pas grande valeur, mais les Lorettains ont encore leur terre, leur chaumière, quelques bestiaux et un espoir de récolte.

Le curé François-Ignace Levasseur demeure fidèle à sa mission, continue à veiller sur son troupeau, cache les livres et les choses nécessaires au culte…

Source : Gilles Falardeau

Hiver 1760

Le domaine pastoral de la Vieille-Lorette, dans la montée de l’Église, tient à bien peu de chose. Après l’orme des Hamel sur le bord de la route de Lorette, la montée suit l’orientation des terres pour s’en éloigner jusqu’aux terres de la Fabrique.

Dans les limites de la paroisse, les tenanciers de terres sont répartis sur la route de Lorette et sur le chemin qui, en direction nord après l’église, traverse la concession des Grands-Déserts. Dans ce secteur, les terres sont disposées et orientées d’est en ouest. Le chemin les traverse en leur centre pour atteindre finalement la concession de la côte Saint-Jean-Baptiste.

Ce territoire, occupé par les troupes anglaises tout l’hiver de 1760, est libéré après leur départ, le 26 avril. Une lueur d’espoir luit lorsque les Lorettains apprennent le retour des troupes françaises de chevalier de Lévis…

Source : Gilles Falardeau

Printemps 1760

À l’automne 1759, les vaisseaux anglais disparaissaient derrière la pointe de Lévis…

Dans l’attente des voiliers français pour le printemps, le curé Levasseur trouve suffisant, sans doute, de lire à ses paroissiens de la Vieille-Lorette, les lettres pastorales de l’évêque, Mgr Pontbriand, sur l’administration des paroisses, les rapports avec le gouverneur Murray, la ligne de conduite que doivent tenir les habitants avec les envahisseurs…

Entretemps, les troupes françaises tentent une bataille en règle contre les occupants de Québec. La déroute des troupes anglaises, vers l’intérieur des murs fortifiés, empêche une victoire en règle et un siège s’impose…

Sauf que le 15 mai 1760, apercevant le retour des voiles des vaisseaux ennemis à la pointe de Lévis, le chevalier de Lévis juge la position intenable et le siège voué à l’échec… Il retraite vers Montréal…

Source : Gilles Falardeau

1761

Sur le plan civil, les lorettains sont soumis à un régime seigneurial. Une grande partie de la paroisse de la Vieille-Lorette se situe dans la seigneurie ecclésiastique Saint-Gabriel de la Compagnie de Jésus.

Au lendemain de l’invasion anglaise, les biens des pères Jésuites suscitent les plus vives polémiques. Le gouverneur Murray n’a rien de bienveillant à l’égard des Jésuites; il n’a pas perdu d’occasion d’écrire ou d’agir contre eux. L’ordre se voit enlever le droit de recruter de nouveaux membres. En somme, il est condamné à disparaitre : l’âge moyen de ses membres étant alors nettement supérieur à 50 ans. L’administration anglaise fait toutefois preuve de patience dans son traitement de la question, avec l’étrange conséquence que les Jésuites peuvent continuer leur œuvre, si belle jusqu’alors.

Source : Gilles Falardeau

1761

Louis XIV, roi de France, n’est pas en contact direct avec la vie politique du pays. Il ne voit que rarement ses ministres et agit souvent à l’encontre de leurs attentes en ayant du mal à donner des directives fermes et précises… Sous son règne, la France perd le contrôle de la Nouvelle-France.

Georges II, roi de Grande-Bretagne, après avoir été en conflit avec la France et essuyé quelques défaites en Europe, nomme William Pitt L’Ancien comme chargé des colonies. Comme guide politique, militaire, ce dernier entraîne une guerre mondiale avec des combats jusqu’en Nouvelle-France.

Toutefois, à l’âge de 77 ans, le règne du roi britannique sur la colonie française est de courte durée : il décède le 25 octobre 1760. Son héritier, Georges III, âgé de 22 ans, prend le parti de la paix. Il oblige William Pitt l’Ancien à démissionner. Durant le siècle précédant l’invasion britannique, des pionniers français s’étaient établi le long de la route de Lorette.

Source : Gilles Falardeau

1763

Le traité de Paris, entre la France et la Grande-Bretagne, modifie considérablement les anciennes frontières de l’Amérique de Nord. Des immenses territoires possédés par la France avant l’invasion, il ne reste que les petites îles de Saint-Pierre et Miquelon, situées au sud de Terre-Neuve. En 1763, les Lorettains n’habitent plus la Nouvelle-France mais the Province of Québec. Son territoire s’étend de part et d’autre du fleuve Saint-Laurent, depuis la Nouvelle-Écosse – l’ancien territoire de l’Acadie – jusqu’à l’ouest de la rivière Outaouais. Le territoire est administré par un gouverneur anglais qui réside à Québec.

Source : Gilles Falardeau

1766

Que font les Lorettains durant cette transition de pays français à pays anglais?

Ils apprennent que :

  • Le gouverneur Murray, accusé de partialité à l’égard des Canadiens, est rappelé en Angleterre, en 1766. Un nouveau gouverneur le remplace : Guy Carleton.
  • Jean-Olivier Briand, candidat au siège épiscopal de Québec depuis le décès de Henri-Marie Dubreuil de Pontbriand, arrive comme septième évêque du Canada.

Le Lorettain s’attache à sa terre, à sa langue et à son clocher, regardant monsieur le curé Ignace Tinon-Desroches comme son guide et son protecteur.

Puisqu’il ne viendra plus de nouveaux colons français, il faut en faire au pays : pourquoi pas la revanche des berceaux?

Source : Gilles Falardeau

1768

Peu de choses à signaler à la Vieille-Lorette… sauf un cas de réhabilitation… le curé Ignace Tinon-Desroches marie deux personnes qui vivaient ensemble sans être régulièrement mariés. Ils ont quatre enfants qu’il légitime. Ce sont deux Acadiens, Pierre Laure et Marie-Magdeleine Grange, qui ont été déportés par les Anglais vers la Nouvelle-Angleterre. Ils se sont rencontrés et ont vécu à Boston. Après la cession du Canada, ils sont revenus au pays et se sont établis à la Vieille-Lorette. C’était peut-être la première fois qu’il rencontraient un prêtre français pour les marier dans leur région.

Source : Gilles Falardeau

1769

Durant son séjour à l’Ancienne-Lorette, le curé Desroches a à régler un cas d’excommunication, celui de Madeleine Tardif.

Elle n’a pas encore ses dix-neuf ans lorsqu’elle se marie le 7 février 1757 avec le navigateur François Guichard. Ils ont un enfant qui ne vit que dix-huit jours. Le mari est en mer durant la conquête, sur le bâtiment de pêche de sieur Fortier. Le bateau, avec l’équipage, est pris par les Anglais.

Finalement, Madeleine apprend que son mari est mort à la prison de Londres. Elle a à peine vingt-deux ans, veuve et sans enfant. Elle rencontre Augustin Brousseau, qu’elle veut marier, mais ... à la gomine?... Les témoins se rétractent et le couple est excommunié par le clergé.

Pour régler le conflit, le curé reçoit Augustin à la pénitence avec rétractation publique. Quant à Madeleine, plus récalcitrante, on lui impose comme contrition et pénitence :

  • Une demande de pardon à Dieu par l’intermédiaire du curé, pendant qu’elle se tient à la porte de l’église, un cierge allumé à la main;
  • Une assistance assidue aux offices (à la porte de l’église) et jeûnes les vendredis jusqu’à Pâques.

La pauvre Madeleine fait courageusement sa pénitence pour son salut et le curé Desroches bénit leur mariage le 27 novembre 1769. Ils auront un fils unique.

Source : Gilles Falardeau

1775

Sept années que James Murray a quitté involontairement la gouvernance de Province of Québec. La couronne britannique l’avait remplacé par la nomination de Guy Carleton.

La ville de Québec s’apprête à subir le quatrième siège de son histoire. Les révolutionnaires bostonnais envahissent la Province of Québec pour tenter de convaincre les québécois d’épouser leur cause. Deux armées prennent le chemin de Québec, une par la rivière Kennebec et Chaudière, l’autre par la rivière Richelieu.

À l’automne de 1775, on se prépare à recevoir les envahisseurs en formant des milices britanniques et des milices canadiennes. Les miliciens de la Vieille-Lorette porteront donc la redingote verte, la veste rouge et les culottes beige.

Les soldats des deux armées yankees se retrouvent à Pointe-aux-Trembles, près de Neuville, le 3 décembre. Puis, les révolutionnaires passent par le Vieille-Lorette pour assiéger Québec. Le curé Desroches demande à ses paroissiens de rester fidèles à la gouvernance anglaise. Ces derniers se montrent bons amis : la plupart ont fourni, en obéissant aux ordres des révolutionnaires, du bois et des farines.

Source : Gilles Falardeau

Au tournant de 1776

Le 3 décembre 1775, les armées de Montgomery et d’Arnold effectuent leur jonction aux portes de Québec. La première à la maison Holland, située sur le chemin de Sainte-Foy; quant à la troupe de Arnold, à une maison du faubourg Saint-Roch. La plupart des soldats trouvent le gîte chez les habitants des paroisses voisines.

Le général Montgomery déclare à ses hommes que, le jour de Noël, il mangerait à l’intérieur des murs de Québec ou en enfer. Mais la victoire se fait attendre encore la nuit du 31 : nuit très sombre avec neige abondante. Un fort vent du nord-est souffle en bourrasque. Le général emprunte un sentier situé entre le fleuve et la falaise, à demi-obstrué par des blocs de glace poussés sur la rive par la marée et les courants. À une douzaine de mètres d’un poste improvisé par des miliciens canadiens, Montgomery et ceux qui le suivent tombent sous le feu des cantons chargés à la mitraille; les autres se replient laissant là morts et blessés.

Pendant ce temps, la troupe d’Arnold est prise entre deux feux barricades du Sault-au-Matelot. Il ne reste plus aux Bostonnais qu’à se constituer prisonniers.

Quelques jours après la fin du siège de Québec, une commission est formée pour enquêter sur ceux qui auraient aidé les rebelles : la première audience a lieu à la Vieille-Lorette, le jeudi 23 mai 1776. L’enquête finie : Antoine Riverain est nommé capitaine, Charles Noreau, lieutenant, Ignace Gauvin, enseigne, Joseph Alain, Prisque Mathieu et André Robitaille, sergents. On passe en revue 160 hommes.

Les Lorettains n’ont pas pris les armes pour les rebelles!

Source : Gilles Falardeau

1777

Les colonies américaines se proclament indépendantes de l’Angleterre et à la face des Canadiens, elles déclarent aussi orgueilleusement leur titre d’Américains… comme si les Québécois n’étaient pas des Américains comme eux. L’Angleterre prend peur et donne un gouvernement au Canada avec siège à Québec.

Le Conseil législatif, ainsi formé, oblige tous les habitants au service militaire pendant quelques années. Ceux qui ne sont pas en service doivent faire les travaux agricoles de leurs voisins. Charles Moreau est alors le capitaine de milice de L’Ancienne-Lorette. En novembre 1777, le colonel de milice Noël Voyer, natif de L’Ancienne-Lorette, meurt. Il laisse par testament une somme de 1 000 schellings de 20 sols pour ériger une chapelle de procession dans sa paroisse natale. Elle doit être dédiée à Saint-Louis, roi de France.

Noël Voyer s’est illustré lors de l’assaut de colonel Arnold, en 1775 : il commandait les miliciens canadiens qui prenaient position dans les bâtiments environnant les barricades du Sault-au-Matelot.

Source : Gilles Falardeau

1786

Par une belle journée d’automne, des Lorettains voient descendre dans la Suète un personnage portant le rabat français. Il parait grand seigneur conduisant un beau cheval, l’orgueil du temps. Plusieurs voitures suivent, emportant son ménage fourni de livres.

Jamais le domaine curial de la Vieille-Lorette n’aura pris autant tout son sens. C’est l’arrivée d’un nouveau curé, fils d’un seigneur féodal, Charles-Brassard Deschenaux, qui arrive pour s’installer dans le presbytère de la paroisse de la Vieille-Lorette.

De ses propres deniers, il améliorera le bâtiment. Au dehors comme à l’intérieur le presbytère annoncera la présence d’un homme heureux. Tout y sera calculé pour la jouissance de l’âme.

On y trouvera deux personnes en monsieur Deschenaux, le curé et le seigneur. Comme curé, il en sera d’une générosité et d’une charité vraiment exemplaires. Il distribuera en bonnes œuvres tous ses revenus ecclésiastiques, dime et casuel. Le seigneur vivra avec l’argenterie sur une table bien garnie aux grands jours de fêtes. Il sera un ami de l’éducation à l’époque où les livres sont rares et chers, il parviendra à se former une bibliothèque et quelques milliers de livre.

Source : Gilles Falardeau

1796

La petite église qui a remplacé la chapelle de la Mission Notre-Dame-de-Lorette a maintenant 70 ans. Le curé Deschenaux fait installer un poêle dans la sacristie. Ainsi, l’église de la Vieille-Lorette sera la première chauffée au Canada.

C’est une grande nouveauté. Qui avait entendu dire qu’il fallait chauffer une église? Ça faisait deux cents ans que les églises n’étaient pas chauffées et personne n’est mort de froid!

Tous les bancs ont des portes. On transporte dans l’église les peaux de carrioles et on ferme la porte du banc. Les hommes ont sur la tête de petites calottes rondes comme l’évêque. Le célébrant place sur l’autel un petit réchaud pour chauffer les doigts.

Mais le nouveau poêle répand de la fumée… il faut donc se résoudre à bâtir une cheminée en dehors… entourée d’un bâtiment en bois…

Les maires de L’Ancienne-Lorette, d’hier à aujourd’hui

La Ville de L’Ancienne-Lorette rend hommage, aux élus qui, depuis 1855, se sont consacrés au service public. Hommage à ces maires qui, par leur cœur, leur audace et leur dévouement ont contribué au développement de notre communauté.

Visitez la Galerie des maires, située dans la salle du conseil de l'hôtel de ville, durant les heures d'ouverture. Celle-ci présente les photographies des maires de la municipalité du village Notre-Dame-de-Lorette, puis de la Ville de L’Ancienne-Lorette, ainsi que la composition des conseils municipaux depuis 1963. 

Maires de la Ville de L’Ancienne-Lorette 

2020 à aujourd’hui Gaétan Pageau

1983 à 2001 et 2006 à 2020 Émile Loranger

1968 à 1983 Marcel Pageau

1967 à 1968 Marcel Hudon

Pendant la fusion avec la Ville de Québec, de 2002 à 2005, Daniel Dupuis siégea comme conseiller du district de L’Ancienne-Lorette.

Maires de la municipalité du village Notre-Dame-de-Lorette 

1963 à 1967 Marcel Hudon

1957 à 1963 Antoine Fortier

1951 à 1957 Napoléon Montreuil

1947 à 1951 Aimé Pageot

Maires de la municipalité de la paroisse de L’Ancienne-Lorette

1966 à 1970 Jacques Bureau

1962 à 1966 Roméo Beaumont

1957 à 1962 Alphonse Falardeau

1953 à 1957 Paul-Henri Delisle

1953 à 1953 Alphonse Lépine

1951 à 1953 Avila Paradis

1947 à 1951 Arthur Boivin

1944 à 1947 Avila Paradis

1939 à 1944 Joseph Hamel

1937 à 1939 Aimé Pageot

1929 à 1937 Alphonse Drolet

1925 à 1929 Pierre Jobin

1917 à 1925 Louis-Eugène Hamel

1916 à 1917 Cyprien Drolet

1914 à 1916 Jean-Baptiste Martel

1908 à 1914 Louis-Eugène Hamel

1902 à 1908 Jacques Jobin

1898 à 1902 Eugène Robitalle

1896 à 1898 Édouard Hamel

1894 à 1896 Honoré Robitaille

1888 à 1894 Pierre A. Hamel

1886 à 1888 Jacques Gauvin

1878 à 1886 Olivier Hamel

1876 à 1878 Jacques Dufresne

1874 à 1876 Louis Gauvin

1872 à 1874 Georges Déry

1870 à 1872 Charles Paradis

1868 à 1870 Charles Fiset

1866 à 1868 Pierre Bourré

1864 à 1866 Jean-Baptiste Drolet

1862 à 1864 Charles Fiset

1858 à 1862 Joseph Laurin

1855 à 1858 Joseph Jobin

Cherche et trouve du 350e

Apprenez tout en vous amusant avec le Cherche et trouve historique du 350e !

Saurez-vous trouver tous les personnages et lieux historiques sur la carte ? Testez vos connaissances et votre sens de l'observation!

Cherche et trouve du 350e

Rapport du 350e anniversaire

Découvrez le rapport complet du 350e anniversaire de L'Ancienne-Lorette et replongez dans les moments marquants qui ont célébré notre histoire et notre fierté collective!

Évolution et structure organisationnelle

Portrait actuel

En l’espace de 15 ans, la population de L’Ancienne-Lorette triple, passant de 3 961 habitants en 1961 à 11 694 en 1976. Malgré cette augmentation significative, la situation géographique de L’Ancienne-Lorette l’empêche de devenir une ville industrielle. Des industries de matériaux de construction et d’hôtellerie s’installent néanmoins sur le boulevard Wilfrid-Hamel.

En janvier 2002, la Ville de L’Ancienne-Lorette fusionne avec la Ville de Québec, malgré un référendum qui démontre clairement que les Lorettaines et les Lorettains désirent rester dans une ville indépendante, avec un vote de 98 % contre la fusion.

L’Ancienne-Lorette, aujourd’hui

L’Ancienne-Lorette a retrouvé son autonomie lorsque les citoyens ont manifesté leur désir d’indépendance et de liberté à l’occasion d’un second référendum, en 2004, au cours duquel 73 % des Lorettaines et des Lorettains votent en faveur de la défusion.

Située dans l’agglomération de Québec, la Ville de L’Ancienne-Lorette compte aujourd'hui quelque 17 000 habitants. Elle se distingue par ses services et ses infrastructures de qualité et ses valeurs humaines. Le bien-être des citoyens est au cœur de ses préoccupations et tout est mis en œuvre afin d’offrir aux Lorettains un milieu de vie sain et dynamique où il fait bon vivre. Il y règne depuis toujours un esprit d'entraide et de solidarité qui unit la Ville et ses citoyens.